Talleyrand : Le prince immobile
de Emmanuel de Waresquiel
1088 pages
Biographie de Charles Maurice de Talleyrand qui se lit comme un roman, et c’est bien le roman d’une vie et quelle vie !
Le bonhomme est né le 2 février 1754 et mort le 17 mai 1838, 84 années pendant lesquels il connaitra 5 souverains, 6 régimes, 2 révolutions, 25 ans de guerre, tout en étant aux manettes ou du tout moins le grand artisan de la politique de la France et du concert Européen. Bref lire sa biographie, c’est parcourir les couloirs du pouvoir à des époques charnières de l’histoire de France et du monde ( révolutions libérales, révolution militaire, révolution industrielle, transition de l’époque moderne à l’époque contemporaine )
Mais outre sa carrière et son époque, c’est également découvrir un personnage haut en couleurs qui relève à mes yeux d’un véritable Tyrion Lannister. Handicapé d’un pied bot, il devient évêque très jeune et en sa qualité d’un des plus hauts représentants de l’église catholique, parviendra à la fois à vivre une vie totalement dissolue en termes de conquêtes féminines et à lancer la vente des biens immobiliers du clergé français, bref tout l’extrême opposé de ce que l’on pouvait attendre d’un évêque à cette époque. Il survit aux chutes des divers régimes qu’il sert, participant parfois à l’instauration du successeur, il semble toujours avoir un coup d’avance sur ses contemporains et à tirer son épingle du jeu. Enfin c’est un homme d’esprit, auteur ou cible de célèbres citations dont on ne se lasse pas :
« Les mécontents, ce sont des pauvres qui réfléchissent »
« Mr de Chateaubriand croit qu’il devient sourd depuis qu’il n’entend plus parler de lui »
« si cela va sans dire, cela ira encore mieux en le disant »
“En politique, ce qui est cru devient plus important que ce qui est vrai.”
“Les femmes pardonnent parfois à celui qui brusque l’occasion, mais jamais à celui qui la manque.”
“Ne dites jamais du mal de vous ; vos amis en diront toujours assez.”
« Vous êtes un voleur, un lâche, un homme sans foi. Vous ne croyez pas à Dieu ; vous avez toute votre vie manqué à tous vos devoirs, vous avez trompé, trahi tout le monde […] Tenez, Monsieur, vous n’êtes que de la merde dans un bas de soie. » Napoléon à l’adresse de Talleyrand
Bref vous l’aurez compris, je recommande vivement cette lecture de ce membre à titre posthume du R.A.C.L.U.R.E
Le monde grec à l'époque classique : 500-323 av.J.-C
de Patrice Brun
272 pages
Pour les joueurs qui sont actuellement sur Antica et auraient envie d'une plongée plus historique dans l'univers de la Grèce antique classique, cet ouvrage universitaire est un très bon choix.
Le style est académique, nous ne sommes pas en présence d'un oeuvre pédagogique qui se lit comme un roman, mais il est cependant très accessible pour tous les publics. l'ouvrage n'est pas spécialisé et porte sur la Grèce à l'époque classique en général, mais il analyse ses sujets de manière plus poussée q'un simple ouvrage d'introduction à cette page de l'historique antique.
Ainsi sont abordés au fil des chapitres: la guerre, la politique, la religion, la culture ( histoire, philosophie, théâtre ) la société toujours de manière intelligible et assez éloignée des lieux communs ( l'ideal spartiate, la " démocratie " athénienne et Socrate le philosophe en prennent ainsi pour leur grade ).
Une livre qu'il sera difficile de lâcher si vous êtes un tant soit peu intéressé par cette période.
Quatrevingt-treize
de Victor Hugo
512 pages
C'est certes partial, mais si vous ne deviez lire qu'un seul Hugo, c'est bien celui là. Il n'est pas trop long, et c'est un livre d'actions et de suspense.
Quatrevingt-treize fait référence à l'année 1793, en pleine révolution, la France est en guerre avec une large partie de l'Europe, et l'insurrection de Vendée bat son plein. Le livre suit le destin d'enfants orphelins, d'un jeune officier de la république, d'un duc de la France royaliste et d'un commissaire de la république dont les trajectoires vont se croiser et se lier.
C'est admirablement bien écrit, chaque phrase étant l'occasion pour Hugo de démontrer sa maîtrise de la langue française. Mais l'histoire en elle même vous tiendra en haleine et vous poussera au bout de la lecture, tant l'on sent au fur et à mesure des pages l'irréversible collision tragique . Malgré ce sens de l'irréversible, Hugo parvient à plusieurs reprises à surprendre son lecteur pour son plus grand plaisir.
Petit teasing :
Au début de l'ouvrage, un chapitre débute à bord d'un navire de guerre au large des côtes françaises, navire financé par les anglais en faveur de la cause royaliste ( le roi de France a été exécuté en début d'année le 21 janvier 1793). Or, en pleine tempête, un canon s'est détaché et est en train de ravager le sous pont, tuant et blessant l'équipage, détruisant la structure du navire et ses armes. Alors que tous les hommes ont quitté ce sous pont, un homme se jette dans une lutte acharnée pour arrêter le canon et l'attacher de nouveau. Il ressort vainqueur de ce combat décrit admirablement par Hugo, et remonte sur le pont du navire, ou le Duc royaliste pleinement conscient que ce marin est à la fois l'homme qui a arrêté le canon mais également celui qui l'avait mal attaché, le fait décorer de l'ordre de Saint Louis, puis le fait fusiller.
A peine l'execution opérée, un navire de guerre de la république française fait son apparition et s'approche du navire royaliste, désormais à sa merci en raison des dégâts causés par le canon. Le duc était un personnage de premier plan envoyé en France pour animer l'insurrection vendéenne, il est décidé que l'équipage livrerait une bataille perdue d'avance pour laisser le temps au duc de s'échapper sur une petite barque.
Après une demi-heure de fuite dans la barque, au creux de la nuit et de l'orage, alors qu'à l'horizon le navire royaliste sombre dans l'abîme noire sous les coups d'un incendie rouge d'explosions de poudre, le marin chargé de manœuvrer la frêle esquif cesse de ramer, pose les rames dans la barque et sort deux pistolets de sa ceinture et les braque sur le duc: " je suis le frère de l'homme que vous avez fait exécuter
La suite si vous lisez l'ouvrage